Je cherchais les plus jolis néologismes en français pour le commerce en ligne (vu la frénésie qui s'abat sur nous pour Noël) du genre « entreprenaute, cybermarchant, cyberconsommateur » , et j'ai retrouvé une chronique que j'avais écrite il y a dix ans. Elle est toujours d'actualité. Ça devrait me faire peur, mais ça m'amuse :
Les multiples visages du courrier électronique
Tandis que j’écoutais l’émission Macadam Tribus, en roulant sur l’autoroute le 4 novembre, le carnet techno de Bruno Guglielminetti a présenté un néologisme qui m’a beaucoup inspirée. L’expression « gaspirriel » décrit tous ces courriels envoyés par les amis et les collègues et qui s’avèrent une perte de temps. Elle est calquée sur le mot « courriel », qui a engendré à son tour le mot pourriel... et ça donne encore des petits.
En effet, je trouve ça génial d’inventer des mots et j’ai mes propres idées sur le même sujet. Les voici :
Kyrriels : très, très, très longs messages, généralement de la part de vos proches qui veulent expliquer une situation ad nauseam. Peut contenir des reproches, des listes de maladies ou de soucis, etc. Provient parfois de collègues ou de supérieurs qui, sans doute, s’imaginent que vous n’avez rien compris à votre travail et qu’il vous faut des instructions très, très, très, très détaillées.
Sbirriels : ce qu’on appelle des messages incendiaires (en anglais, flaming) sont envoyés généralement lors de discussions acharnées sur babillard électronique. Parfois, les messages paraissent à même le babillard. Or, un sbire est un policier ou un homme fort envoyé pour tabasser quelqu’un. Voilà!
Martyrriels : les messages de tante Alma qui a subi trois opérations avec complications à Hanmer, de votre sœur qui se morfond à Tuktuyaktuk, de votre amie qui s’est séparée il y a trois ans et ne trouve pas de chum intéressant, de votre enfant qui manque d’argent parce que ça coûte très cher les bouquins d’université et que le chauffage est exorbitant et le proprio n’a pas bien isolé les murs et les fenêtres...
Vizirriels : y a ben des gens qui veulent vous donner des conseils dans la vie. Que ce soit des « paroles de sagesse » de Tony Robbins ou de Maya Angelou, ou encore des idées sur comment vivre votre vie de la part d’une cousine, d’un parent ou d’un ami, les vizirriels ont généralement le pouvoir d’accroîte vos sentiments d’incompétence, de culpabilité ou d’irritation profonde.
Déchirriels : viennent de nos ex-amants, de nos supérieurs, etc. Ne sont pas oisifs, mais ont tendance à 1) provoquer le stress émotif ou 2) augmenter notre charge de travail de façon démesurée. Ce qui fait que nous souhaitons les déchirer en mille morceaux. Pour ça, bien sûr, faut les imprimer...
Pas-pirriels : blagues que vous n’avez pas déjà vues et qui vous font au moins sourire.
Facile-à-dirriels : genre de message généralement reçu à Noël, de la part de soi-disants amis qui sont trop pressés pour vous écrire personnellement, et qui cherche à vous inspirer la gratitude en expliquant que tout est pire en Afrique subsahélienne. Donne parfois envie d’envoyer des sbirriels (voir ci-dessus).
Séduirriels : messages envoyés et reçus après avoir répondu à une annonce de cœur sur Internet. C’est beau l’amour... avant de vous rencontrer en personne, malheureusement, la plupart du temps.
(chronique publiée le 19 novembre 2003, dans Le Métropolitain)
Les multiples visages du courrier électronique
Tandis que j’écoutais l’émission Macadam Tribus, en roulant sur l’autoroute le 4 novembre, le carnet techno de Bruno Guglielminetti a présenté un néologisme qui m’a beaucoup inspirée. L’expression « gaspirriel » décrit tous ces courriels envoyés par les amis et les collègues et qui s’avèrent une perte de temps. Elle est calquée sur le mot « courriel », qui a engendré à son tour le mot pourriel... et ça donne encore des petits.
En effet, je trouve ça génial d’inventer des mots et j’ai mes propres idées sur le même sujet. Les voici :
Kyrriels : très, très, très longs messages, généralement de la part de vos proches qui veulent expliquer une situation ad nauseam. Peut contenir des reproches, des listes de maladies ou de soucis, etc. Provient parfois de collègues ou de supérieurs qui, sans doute, s’imaginent que vous n’avez rien compris à votre travail et qu’il vous faut des instructions très, très, très, très détaillées.
Sbirriels : ce qu’on appelle des messages incendiaires (en anglais, flaming) sont envoyés généralement lors de discussions acharnées sur babillard électronique. Parfois, les messages paraissent à même le babillard. Or, un sbire est un policier ou un homme fort envoyé pour tabasser quelqu’un. Voilà!
Martyrriels : les messages de tante Alma qui a subi trois opérations avec complications à Hanmer, de votre sœur qui se morfond à Tuktuyaktuk, de votre amie qui s’est séparée il y a trois ans et ne trouve pas de chum intéressant, de votre enfant qui manque d’argent parce que ça coûte très cher les bouquins d’université et que le chauffage est exorbitant et le proprio n’a pas bien isolé les murs et les fenêtres...
Vizirriels : y a ben des gens qui veulent vous donner des conseils dans la vie. Que ce soit des « paroles de sagesse » de Tony Robbins ou de Maya Angelou, ou encore des idées sur comment vivre votre vie de la part d’une cousine, d’un parent ou d’un ami, les vizirriels ont généralement le pouvoir d’accroîte vos sentiments d’incompétence, de culpabilité ou d’irritation profonde.
Déchirriels : viennent de nos ex-amants, de nos supérieurs, etc. Ne sont pas oisifs, mais ont tendance à 1) provoquer le stress émotif ou 2) augmenter notre charge de travail de façon démesurée. Ce qui fait que nous souhaitons les déchirer en mille morceaux. Pour ça, bien sûr, faut les imprimer...
Pas-pirriels : blagues que vous n’avez pas déjà vues et qui vous font au moins sourire.
Facile-à-dirriels : genre de message généralement reçu à Noël, de la part de soi-disants amis qui sont trop pressés pour vous écrire personnellement, et qui cherche à vous inspirer la gratitude en expliquant que tout est pire en Afrique subsahélienne. Donne parfois envie d’envoyer des sbirriels (voir ci-dessus).
Séduirriels : messages envoyés et reçus après avoir répondu à une annonce de cœur sur Internet. C’est beau l’amour... avant de vous rencontrer en personne, malheureusement, la plupart du temps.
(chronique publiée le 19 novembre 2003, dans Le Métropolitain)